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Rencontre avec Joris Gutierrez Garcia, Meilleur Sommelier des Amériques 2025

À 34 ans, Joris Gutierrez Garcia jongle entre un poste à temps plein au Club Chasse et Pêche de Montréal, un business d’importation de vins… et les plus grands concours mondiaux.
Article - 14 septembre 2025

iJoris Gutierrez Garcia, meilleur Sommelier 2025 des Amériques Joris Garcia ©ASI

De sauveteur à sommelier d’élite

Adolescent à Montréal, Joris Gutierrez Garcia rêvait de devenir maître-nageur. Un choix bien éloigné de sa carrière actuelle, mais dont l’endurance, la discipline et l’esprit de compétition se sont révélés des atouts décisifs pour gravir les échelons du monde du vin. Plus marathonien que sprinteur, il a bâti sa carrière pas à pas depuis quinze ans, guidé par une curiosité insatiable.

« Ma passion pour le vin est venue graduellement, par curiosité », confie-t-il. Le terrain était toutefois fertile : une famille où le vin avait sa place à table, des racines européennes et un goût marqué pour l’apprentissage.

Un déclic silencieux s’est produit lorsqu’il travaillait comme serveur au mythique Au Pied de Cochon. Inscrit à l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec (ITHQ), il y croise Stéphane Leroux, ancien Meilleur Sommelier du Québec. « C’est là que ma passion a véritablement pris forme », se souvient-il.

Le goût du défi s’installe alors. Dix années d’efforts seront nécessaires pour décrocher le titre de Meilleur Sommelier du Québec. Puis tout s’accélère : celui du Canada, puis, en 2025, celui des Amériques. « Mes victoires se sont enchaînées, mais ma vie quotidienne n’a pas radicalement changé. Cette continuité m’aide à rester les pieds sur terre. »

 

Joris Gutierrez Garcia portant une médaille d'or et une écharpe blanc et rouge Joris Garcia ©ASI

Un équilibre exigeant

Fidèle au Club Chasse et Pêche de Montréal malgré plusieurs offres extérieures, Joris a diversifié son quotidien : conférences, masterclasses, voyages d’étude. Mais son plaisir le plus intense reste le contact direct avec les vignerons.

« Rencontrer les producteurs, visiter les régions viticoles, c’est incroyable. Leur passion transmet des émotions uniques. Notre métier de sommelier est important, mais il est bien plus simple que le leur », souligne-t-il.

Ses sélections, plus de 400 références, reflètent autant les goûts de sa clientèle que sa propre sensibilité. Si le marché québécois se montre curieux des Nolos et autres innovations, Joris privilégie la tradition : Bordeaux, Bourgogne, Rhône, Toscane, Piémont restent des valeurs sûres. « Il y a encore quelques Pet-Nats ou vins de macération, mais la carte a repris une orientation plus classique », admet-il.

Cap sur le Mondial

Objectif désormais : le titre suprême, Meilleur Sommelier du Monde 2026. Une préparation méthodique, mais tardive, par choix : « Je veux garder l’énergie intacte. J’ai un petit enfant et une vie de famille, mais une fois lancé, je donnerai tout. »

En attendant, il poursuit son immersion quotidienne : lectures, podcasts, échanges constants avec des professionnels. « Le vin est un univers sans fin. Creuser chaque jour n’est pas une corvée pour moi, je me délecte de cette culture. »

Inspiré par des modèles comme Marc Almert, il savoure aussi le privilège sensoriel de son métier : « En une seconde, vous pouvez voyager de la Californie à la Moselle. »

L’humain avant la bouteille

S’il est passionné par le contenu des verres qu’il déguste, Joris insiste sur l’essentiel : les femmes et les hommes derrière les bouteilles.

« Ce qu’il y a dans la bouteille est incroyable, mais pour moi, cela passe après les personnes qui la font. Le message et le travail des vignerons comptent plus que le contenu. Ils disent in vino veritas, mais c’est l’humain qui rend ce métier unique. »

A propos de Sharon Nagel :

Née au Royaume-Uni, Sharon Nagel est journaliste et traductrice spécialisée dans le vin depuis 35 ans. Elle écrit pour le média français Vitisphere et contribue également à la communication d’entreprise.